đ„ Le Festival International du Film sur les Handicaps. Quand la singularitĂ© se fait un film …
« Il s’agit toujours de cinĂ©ma, et le handicap n’est qu’une considĂ©ration parmi d’autres de ces films. »
Avant-premiÚre du long-métrage « Trio » de Battumur Dorj, produit par Ganzorig Vanchig
Jam est un jeune adulte atteint du syndrome de Down, nĂ© dans une rĂ©gion reculĂ©e de Mongolie. Sa mĂšre a choisi de vivre dans une rĂ©gion isolĂ©e afin d’Ă©lever son fils dans la paix et de le protĂ©ger de la discrimination sociale.
Projection du long-mĂ©trage documentaire Nemchou rĂ©alisĂ© par GĂ©rald Serrault et produit par Phare d’Ouest
Nemchou est le rĂ©cit dâun itinĂ©raire de six personnes sourdaveugles, quatre hommes et deux femmes, accompagnĂ©s par six bĂ©nĂ©voles, avec lâappui dâun mĂ©decin Ă©galement bĂ©nĂ©vole, randonnant dans le dĂ©sert tunisien pendant neuf jours. Marchant dâun pas dĂ©cidĂ© et soudain libre, chacun profite de cette aventure inĂ©dite et surprenante pour sâexprimer sur la surdicĂ©citĂ© dont ils sont atteints : â Oser marcher pour le plaisir â Oser marcher pour tĂ©moigner â Oser marcher pour montrer leurs capacitĂ©s dâadaptation Ă un milieu inconnu alors quâils sont considĂ©rĂ©s comme devenus « incapables ». Ces personnes sont dâĂąge et de gĂ©nĂ©rations diffĂ©rentes, communiquent de façon diffĂ©rente, certains par oral, dâautres en langue des signes et un en langue des signes tactile. Le rĂ©sultat est une lente immersion dans un univers inconnu, celui du sable du dĂ©sert avec ses paysages changeants et celui de la vie intĂ©rieure de celles et ceux qui marchent parfois sans voir, sans entendre ou si mal.
Sur LYON CAPITALE, Guillaume Lamy reçoit dans son « 6 minutes chrono » Philippe Lefait, parrain du FIFH et pĂšre de Lou, fille qui, avec son trouble complexe du langage, fait partie de « La bande Ă MĂMO ».
Extraits de cet entretien sur LYON CAPITALE.
Guillaume Lamy :
« Peut-ĂȘtre un petit mot avant de parler du festival en lui-mĂȘme, un mot sur le vocable, le qualificatif « handicapé ». Je crois que vous lui prĂ©fĂ©rez vous le terme de singularitĂ©.
Philippe Lefait :
Oui, j’ai toujours dit « singularité », parce que si on estime que tout le monde est singulier, ça donne une chance Ă tout le monde…/… pour des questions de nomenclature, dans une sociĂ©tĂ© française qui est trĂšs marquĂ©e par l’administration et ses pesanteurs, le handicap permet de catĂ©goriser un certain nombre de gens, de leur donner Ă©ventuellement des aides le mieux possible et le plus possible. Mais imaginons que nous avons tous une singularitĂ© et ce sera sans doute plus acceptable pour l’idĂ©e du vivre ensemble.
2 000 films ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s au festival international du film sur les handicaps, dont vous ĂȘtes le parrain. Documentaires, fiction, films d’animation, court-mĂ©trage.
Combien ont été sélectionnés ?
Katia Martin-Maresco, la prĂ©sidente et la fondatrice de ce festival, insiste beaucoup pour dire que c’est un festival festif – mais festival, Ă©videmment, c’est festif – et, par ailleurs, que c’est du cinĂ©ma…/… Et ce passage par le handicap concerne Ă la fois les sujets des films, mais aussi leurs auteurs, leurs rĂ©alisateurs ou leurs rĂ©alisatrices, de plus en plus de femmes rĂ©alisatrices pour des films qui sont, avant tout, des films de cinĂ©ma. Le handicap n’est qu’une considĂ©ration parmi d’autres de ces films.
Jean-Baptiste Richardier, cofondateur de Handicap International, et membre du jury disait que le festival invitait à « lutter contre la condescendance », il parlait d’« alibi de l’inclusion ». Comment, aujourd’hui, on fait en sorte que le handicap ne suscite pas l’apitoiement systĂ©matique ?
Ce qui est intĂ©ressant sur le festival international du film sur les handicaps, c’est qu’il y a vraiment une grande partie de sensibilisation grĂące aux partenariats, avec des Ă©coles et avec l’UniversitĂ© de Lyon, par exemple. Par ailleurs, le public est de plus en plus divers et variĂ©, ce n’est pas un public qui serait, « essentialisé » comme vous le disiez tout Ă l’heure.
Dans son discours de politique gĂ©nĂ©rale, le Premier ministre Gabriel Attal, a Ă©voquĂ© quelques mesures axĂ©es sur le handicap, notamment pour simplifier l’avis des citoyens concernĂ©s. Il y avait notamment le remboursement total des fauteuils roulants. Certaines associations, comme Collectif Handicap ou AFP France Handicap, ont exprimĂ© leur dĂ©ception et leur mĂ©contentement en parlant d’un discours qui Ă©tait un petit peu vide. Ils s’attendaient Ă plus. Comment vous voyez les choses vous en tant qu’aussi aidant ?
J’ai l’impression que nous ne sommes pas les seuls concernĂ©s Ă avoir Ă©tĂ© un peu déçus par ce qui, en l’Ă©tat, s’apparente Ă de la communication. Nous sommes nombreux, pas seulement les personnes aidantes ou les personnes en situation de handicap, Ă attendre que tout cela se concrĂ©tise rapidement. Entre les mots et l’action il y a encore une distance qui est Ă parcourir… «Â
Comme quoi … Jamais Ă l’abri d’un mĂ©contentement intempestif face Ă une temporalitĂ© insuffisante dans la faisabilitĂ© d’une audiodescription. Elle aurait par ailleurs Ă©tĂ© trĂšs (trop) coĂ»teuse dans les conditions de ce challenge de rĂ©alisation de courts-mĂ©trages …