🎥 Le Festival International du Film sur les Handicaps. Quand la singularitĂ© se fait un film …
« Il s’agit toujours de cinĂ©ma, et le handicap n’est qu’une considĂ©ration parmi d’autres de ces films. »
Avant-première du long-métrage « Trio » de Battumur Dorj, produit par Ganzorig Vanchig
Jam est un jeune adulte atteint du syndrome de Down, nĂ© dans une rĂ©gion reculĂ©e de Mongolie. Sa mère a choisi de vivre dans une rĂ©gion isolĂ©e afin d’Ă©lever son fils dans la paix et de le protĂ©ger de la discrimination sociale.
Projection du long-mĂ©trage documentaire Nemchou rĂ©alisĂ© par GĂ©rald Serrault et produit par Phare d’Ouest
Nemchou est le récit d’un itinéraire de six personnes sourdaveugles, quatre hommes et deux femmes, accompagnés par six bénévoles, avec l’appui d’un médecin également bénévole, randonnant dans le désert tunisien pendant neuf jours. Marchant d’un pas décidé et soudain libre, chacun profite de cette aventure inédite et surprenante pour s’exprimer sur la surdicécité dont ils sont atteints : – Oser marcher pour le plaisir – Oser marcher pour témoigner – Oser marcher pour montrer leurs capacités d’adaptation à un milieu inconnu alors qu’ils sont considérés comme devenus « incapables ». Ces personnes sont d’âge et de générations différentes, communiquent de façon différente, certains par oral, d’autres en langue des signes et un en langue des signes tactile. Le résultat est une lente immersion dans un univers inconnu, celui du sable du désert avec ses paysages changeants et celui de la vie intérieure de celles et ceux qui marchent parfois sans voir, sans entendre ou si mal.
De concert avec l’association nantaise Au-delà du Regard, Phare d’ouest a construit un projet de rando en Tunisie, projet retardé par la crise du COVID mais réalisé en mars 2022.
Sur LYON CAPITALE, Guillaume Lamy reçoit dans son « 6 minutes chrono » Philippe Lefait, parrain du FIFH et père de Lou, fille qui, avec son trouble complexe du langage, fait partie de « La bande à MÉMO ».
PrĂ©cision : La DREES, la direction de la recherche, des Ă©tudes, de l’Ă©valuation et des statistiques, l’organisme statistiques des ministères sociaux chiffre Ă 7,7 millions de personnes de plus de 15 ans (14,1 % de la population française) le nombre de personnes qui sont en situation de handicap. 9,3 autres millions se dĂ©clarent « aidants » d’un proche âgĂ© ou handicapĂ©, selon deux de ses Ă©tudes. Mais elle prĂ©cise que « selon le critère ou le croisement de critères utilisĂ©, le nombre de personnes handicapĂ©es peut varier de 2,8 millions Ă 9,0 millions de personnes de 15 ans ou plus vivant hors institution, en 2019. Par ailleurs, fin 2018, plus de 140 000 personnes vivent en Ă©tablissements pour enfants ou adultes handicapĂ©s ».
Extraits de cet entretien sur LYON CAPITALE.
Guillaume Lamy :
« Peut-être un petit mot avant de parler du festival en lui-même, un mot sur le vocable, le qualificatif « handicapé ». Je crois que vous lui préférez vous le terme de singularité.
Philippe Lefait :
Oui, j’ai toujours dit « singularité », parce que si on estime que tout le monde est singulier, ça donne une chance Ă tout le monde…/… pour des questions de nomenclature, dans une sociĂ©tĂ© française qui est très marquĂ©e par l’administration et ses pesanteurs, le handicap permet de catĂ©goriser un certain nombre de gens, de leur donner Ă©ventuellement des aides le mieux possible et le plus possible. Mais imaginons que nous avons tous une singularitĂ© et ce sera sans doute plus acceptable pour l’idĂ©e du vivre ensemble.
2 000 films ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s au festival international du film sur les handicaps, dont vous ĂŞtes le parrain. Documentaires, fiction, films d’animation, court-mĂ©trage.
Combien ont été sélectionnés ?
Katia Martin-Maresco, la prĂ©sidente et la fondatrice de ce festival, insiste beaucoup pour dire que c’est un festival festif – mais festival, Ă©videmment, c’est festif – et, par ailleurs, que c’est du cinĂ©ma…/… Et ce passage par le handicap concerne Ă la fois les sujets des films, mais aussi leurs auteurs, leurs rĂ©alisateurs ou leurs rĂ©alisatrices, de plus en plus de femmes rĂ©alisatrices pour des films qui sont, avant tout, des films de cinĂ©ma. Le handicap n’est qu’une considĂ©ration parmi d’autres de ces films.
Jean-Baptiste Richardier, cofondateur de Handicap International, et membre du jury disait que le festival invitait à « lutter contre la condescendance », il parlait d’« alibi de l’inclusion ». Comment, aujourd’hui, on fait en sorte que le handicap ne suscite pas l’apitoiement systĂ©matique ?
Ce qui est intĂ©ressant sur le festival international du film sur les handicaps, c’est qu’il y a vraiment une grande partie de sensibilisation grâce aux partenariats, avec des Ă©coles et avec l’UniversitĂ© de Lyon, par exemple. Par ailleurs, le public est de plus en plus divers et variĂ©, ce n’est pas un public qui serait, « essentialisé » comme vous le disiez tout Ă l’heure.
Dans son discours de politique gĂ©nĂ©rale, le Premier ministre Gabriel Attal, a Ă©voquĂ© quelques mesures axĂ©es sur le handicap, notamment pour simplifier l’avis des citoyens concernĂ©s. Il y avait notamment le remboursement total des fauteuils roulants. Certaines associations, comme Collectif Handicap ou AFP France Handicap, ont exprimĂ© leur dĂ©ception et leur mĂ©contentement en parlant d’un discours qui Ă©tait un petit peu vide. Ils s’attendaient Ă plus. Comment vous voyez les choses vous en tant qu’aussi aidant ?
J’ai l’impression que nous ne sommes pas les seuls concernĂ©s Ă avoir Ă©tĂ© un peu déçus par ce qui, en l’Ă©tat, s’apparente Ă de la communication. Nous sommes nombreux, pas seulement les personnes aidantes ou les personnes en situation de handicap, Ă attendre que tout cela se concrĂ©tise rapidement. Entre les mots et l’action il y a encore une distance qui est Ă parcourir… «Â
Comme quoi … Jamais Ă l’abri d’un mĂ©contentement intempestif face Ă une temporalitĂ© insuffisante dans la faisabilitĂ© d’une audiodescription. Elle aurait par ailleurs Ă©tĂ© très (trop) coĂ»teuse dans les conditions de ce challenge de rĂ©alisation de courts-mĂ©trages …
